• Leçons bolivariennes pour l’Afrique, par Said Bouamama

    Saïd Bouamama, sociologue, auteur notamment de “Figures de la révolution africaine”, De Kenyatta à Sankara, La Découverte, 2014, développe une analyse des dominations prenant pour objets les questions liées aux quartiers populaires et ouvriers, à l’immigration et la place des personnes issues de l’immigration dans la société française, les jeunesses et la citoyenneté, les différentes formes et expressions des discriminations de sexe, de « race » et de classe, etc.. Parmi ses autres ouvrages : “Femmes des quartiers populaires, en résistance contre les discriminations”, des femmes de Blanc-Mesnil avec Zouina Meddour, Le Temps des Cerises, 2013, “Les discriminations racistes : une arme de division massive”, Préface de Christine Delphy, Paris, L’Harmattan, 2010 et « La manipulation de l’identité nationale – Du bouc émissaire à l’ennemi intérieur », (Cygne, 2011).

     

    Le 14 décembre 2014, l’«Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique-Traité de commerce des Peuples » (ALBA) fêtait ses dix ans avec ses onze pays membres. Bâtie sur les « principes de solidarité, de simple coopération et de complémentarité », l’Alliance se donne pour buts « l’éradication totale de la pauvreté, de l’exclusion sociale et de la dépendance externe».

     

    Leçons bolivariennes pour l’Afrique, par Said Bouamama

    La jeune Alliance a déjà à son actif de nombreuses réalisations qui attirent vers elle l’attention et la solidarité des peuples africains. Surtout, l’ALBA éveille l’espoir de tous les combattants anti-impérialistes par l’exemple de souveraineté qu’elle donne face aux puissances impérialistes et par ses prises de positions révolutionnaires au niveau international. L’œuvre déjà accomplie est riche d’enseignements pour les peuples africains sur lesquels s’abattent les rapacités de toutes les puissances impérialistes qui se déchirent pour piller les richesses pétro-gazières et les minerais stratégiques du continent.

    La solidarité régionale pour desserrer l’étau du marché capitaliste mondial

    L’Afrique ne manque pas d’expériences révolutionnaires. A chaque fois, les gouvernements progressistes mis en place par les luttes populaires sont confrontés au système capitaliste mondial, à son échange inégal, aux stratagèmes mafieux qu’il met en place pour faire pression à la baisse sur les prix des matières premières et à la dette internationale étranglant progressivement les Etats. Le leader panafricaniste Kwame Nkrumah a, dès 1963, mis en évidence la nécessité d’une solidarité au moins régionale pour résister aux pressions néocoloniales (1). Dans son livre « L’Afrique doit s’unir », il développe les différentes raisons matérielles rendant nécessaire une dynamique de convergence au moins régionale, si ce n’est continentale : «Sur le plan économique, l’auteur considère qu’il est impossible pour chaque pays de sortir seul de la situation de dépendance ; Les capitaux nécessaires pour une croissance consistante ne sont pas disponibles à l’échelle de chaque Etat ; L’existence de plusieurs monnaies, dont certaines dépendent directement des puissances impérialistes, est une entrave aux échanges ; Des politiques économiques non coordonnées engendrent une concurrence entre les pays, ce qui ne peut que profiter aux centres impérialistes qui se réjouissent de l’émiettement du continent ; Les projets industriels ou sociaux de grande ampleur nécessaires à l’amélioration des conditions de vie de la population et à l’indépendance économique ne sont possibles qu’à l’échelle du continent.»

     

             L’ALBA est une mise en œuvre concrète de ce programme de déconnection progressive avec le marché capitaliste mondial. Les réalisations sont d’ores et déjà conséquentes en à peine une décennie : les programmes communs de santé et d’éducation  ont fait passé l’indice de développement humain de 0,658 en 2005 à 0, 721 en 2012 ; la nouvelle banque de coopération (Banco del Alba) finance 42 projets pour un montant de 345 millions de dollars (dans des domaines aussi divers que l’infrastructure ou les communications, l’alimentation ou l’environnement, etc.) ; pour mener à bien certains de ces projets, des entreprises communes ont été créées dites Grannationales (Grand-nationales) ; une monnaie virtuelle commune, le Sucre, a été créée pour servir d’unité de compte intra-Alba  et permet des échanges régionaux sans utiliser le dollar ;  etc.

     

    La nouvelle dynamique régionale basée sur le principe de complémentarité (l’exact inverse du principe de concurrence du FMI et de la Banque Mondiale) met les acquis de chacun au service de tous : le savoir médical cubain  a permis à des millions de personnes de tous les pays de l’ALBA d’accéder aux soins, l’analphabétisme est entièrement éliminé du Venezuela, de la Bolivie,  de l’Equateur et du Nicaragua grâce à la diffusion d’une méthode cubaine d’alphabétisation populaire de masse ;  le pétrole vénézuélien est mis au service de l’ensemble des pays membres par le plan Pétrocaribe, la chaîne Télésur assure une information libérée des manipulations des puissances impérialistes,  etc.

     

           Au moment où l’Union Européenne impose aux pays africains des « Accords de Partenariats Economiques » (APE), c’est-à-dire l’ouverture complète des frontières à la concurrence des multinationales (c’est-à-dire encore la plongée dans la misère de millions de paysans et d’artisans), l’exemple bolivarien d’une intégration de complémentarité sans concurrence montre une autre voie pour l’Afrique.  

    S’appuyer sur les puissances émergentes pour diminuer la dépendance des impérialismes

     

    Le colonialisme dans sa forme la plus pure est concrétisé  par le pacte colonial, c’est-à-dire un régime d’échanges imposé par le colonisateur, selon lequel la colonie ne peut importer que des produits provenant de la métropole. Au moment des indépendances, les puissances coloniales ont imposé (par le chantage, par les assassinats des leaders africains de la libération nationale, par des coups d’état, etc.) des « accords de coopération » qui reproduisent le « pacte colonial », réduisant ainsi les indépendances à des indépendances formelles.

     

    Initier un développement indépendant suppose de desserrer l’étau que constitue ce pacte colonial. L’existence de puissances émergentes est à cet égard un atout majeur de notre époque.  Les pays d’Afrique ont un intérêt objectif à développer leurs échanges avec la Chine, l’Inde, le Brésil, etc., pour restreindre les possibilités de rétorsion des pays impérialistes et ainsi sauvegarder leur souveraineté nationale. Sur cet aspect également l’ALBA est un exemple. Le développement des échanges des différents pays de l’ALBA avec les économies émergentes donne une base matérielle à sa politique d’indépendance nationale. Dès sa naissance, l’ALBA affiche son choix politique en la matière : s’appuyer sur le nouveau paysage multipolaire mondial pour se libérer du système impérialiste. Le 29 septembre 2014, le président vénézuélien réclame ainsi une réforme de l’ONU  pour que celle-ci reflète réellement le monde tel qu’il est :

     

        « Les Nations Unies doivent s’adapter à un monde multipolaire et multicentrique, avec de nouveaux acteurs, des pays et des régions émergents, qui ont une voix et leurs propres pensées et qui veulent être respectés. [ …] Un autre monde est possible et nous le démontrons dans Notre Amérique (2). »

     

       C’est cette politique de refus du pacte colonial qui est la véritable base matérielle des positions anti-impérialistes de l’ALBA admirée par tous les peuples africains : soutien au peuple palestinien, condamnation de l’agression contre la Syrie, la Libye ou l’Iran, soutien à la revendication argentine sur les Malouines, plainte contre les USA pour crime contre l’humanité, etc.

     

             Les économies africaines sont aujourd’hui étranglées par des accords scandaleux avec les puissances impérialistes. L’exemple bolivarien de développement des échanges avec les puissances émergentes et de développement de la coopération Sud-Sud est aussi pertinent pour notre continent.

    La diversité ethnique et culturelle est une richesse

     

    Leçons bolivariennes pour l’Afrique, par Said Bouamama

    Amilcar Cabral (1924-1973), agronome, écrivain, combattant, père de l’indépendance des républiques de Guinée Bissau et du Cap-Vert

     

    Amilcar Cabral (3) et Ruben Um Nyobe (4) (tous eux assassinés par les puissances coloniales) nous ont légué une leçon qui a trop vite été oubliée : Le développement des États africains doit se baser sur la réalité de leurs peuples c’est-à-dire sur leurs diversités. Faute de cela, cette diversité peut être instrumentalisée par l’impérialisme pour diviser et justifier des interventions impérialistes. « Nous ne sommes pas des « détribalisateurs » [ …] Nous reconnaissons la valeur historique des ethnies de notre peuple. C’est la source même d’où jaillira la modernisation de la culture nationale» proclamait Um Nyobe en ajoutant « mais nous n’avons pas le droit de nous servir des ethnies comme moyens de luttes politiques (5)».

     

    La seule manière de s’opposer à l’instrumentalisation impérialiste de la diversité culturelle est le traitement égalitaire de toutes les nations, de toutes les cultures, de toutes les ethnies. Dans ce domaine également, l’ALBA est porteuse d’espoir pour l’ensemble du monde et en particulier pour l’Afrique. Elle démontre que la construction d’Etats ne suppose pas l’uniformisation, l’assimilation forcée, la négation culturelle, etc. Au contraire, l’unité politique durable doit se baser et s’ancrer dans la richesse culturelle héritée de l’histoire. L’insistance de l’ALBA sur la fierté d’être afro-descendant et indien n’est pas un effet de mode mais une conviction politique profonde. Le nom même qu’a choisi l’Etat bolivien résume cette conviction : Etat plurinational de Bolivie.

     

    Ce n’est qu’en s’appuyant sur les cultures populaires réelles que l’émancipation peut mobiliser les peuples. Chaque peuple ne peut progresser vers sa libération du capitalisme qu’en mobilisant et en mettant en mouvement  ses masses populaires. La socialisation des moyens de production s’incarne ici dans le mot « nationalisation » et ailleurs dans l’expression «  droit de la Pacha Mama » (Terre mère). Le président Evo Morales résume cette leçon de l’ALBA de la manière suivante : « la défense de la mère Terre, que nous les Indiens appelons Pachamama, est la meilleure bannière de lutte contre le capitalisme irresponsable et l’industrialisation irrationnelle (6)».

     

    L’Afrique qui a tant de fois été victime d’interventions impérialistes basées sur une instrumentalisation de la diversité ethnique,  culturelle, linguistique ou religieuse doit à l’évidence se mettre à l’écoute de l’expérience bolivarienne.

    S’appuyer sur les mouvements sociaux

    Leçons bolivariennes pour l’Afrique, par Said Bouamama

    Le président Thomas Sankara (1949-1987), leader de la révolution burkinabé . "Je peux entendre le rugissement du silence des femmes".

    Thomas Sankara n’a pas cessé au cours de l’expérience révolutionnaire burkinabé d’insister sur la nécessaire mobilisation des masses. Seules les masses organisées à la base et par en bas peuvent garantir une émancipation réelle. Thomas Sankara nous rappelait ainsi sans cesse que : « La révolution a pour premier objectif de faire passer le pouvoir des mains de la bourgeoisie voltaïque alliée à l’impérialisme aux mains de l’alliance des classes populaires constituant le peuple. Ce qui veut dire qu’à la dictature anti-démocratique et anti-populaire de l’alliance réactionnaire des classes sociales favorables à l’impérialisme, le peuple au pouvoir devra désormais opposer son pouvoir démocratique et populaire (7). »

     

    L’expérience bolivarienne est dans ce domaine également éclairante. Le cinquième sommet de l’ALBA en 2007 ratifie le principe de la création d’un Conseil des mouvements sociaux en son sein. Il invite chaque pays membre à faire de même. Ce conseil est désormais un des quatre (à côté du Conseil social, du Conseil économique et du Conseil politique) qui déterminent les décisions de l’alliance. Il regroupe les mouvements sociaux (syndicats, organisations de luttes, mouvements féministes et mouvements de femmes, organisations des peuples indigènes, etc.) des pays membres mais aussi ceux des pays non membres qui s’identifient à la démarche de l’ALBA (comme le mouvement des sans-terres au Brésil, par exemple). Il a pour objectif d’associer les mouvements sociaux à toutes les décisions de l’alliance.

     

    L’assemblée des mouvements sociaux des Amériques a adhéré à cette démarche de l’ALBA. Sa lettre du 2 avril 2009 « Pour construire l’intégration à partir des peuples, pour promouvoir et impulser l’ALBA et la solidarité des peuples, face au projet impérialiste » démontre que les peuples de l’ensemble du continent se reconnaissent dans l’expérience bolivarienne. Cette lettre précise : « Le capitalisme central est secoué par une crise structurelle. [ …] C’est une crise du système, celui qui génère la surproduction de marchandises et la suraccumulation de capitaux et dont la « volte-face est l’augmentation brutale de la pauvreté, les inégalités, l’exploitation et l’exclusion des peuples, tout comme le pillage, les pollutions et la destruction de la nature ; [ …] Depuis Belém, où nous nous sommes réunis, nous, des centaines de mouvements sociaux de tous les pays des Amériques qui nous identifions avec le processus de construction de l’ALBA,  appelons et nous engageons à  réaliser des plénières nationales dans chaque pays pour générer des collectifs unitaires de construction de l’ALBA (8).»

     

    Un des points faibles, et qui s’est révélé important, des expériences révolutionnaires en Afrique a justement été un appui insuffisant sur les mouvements sociaux. Dans ce domaine également, l’expérience de l’ALBA est riche pour l’Afrique.

     

    Il est fréquent en Afrique d’en appeler au combat pour une « deuxième indépendance » qui ne se contenterait pas d’être formelle. C’est justement cette indépendance que l’ALBA a commencé à construire. Elle est définie ainsi par le président équatorien Rafael  Correa : «Il y a 200 ans, nos libérateurs nous ont donné l’indépendance politique. Aujourd’hui, nous, les nations du continent, devons gagner notre indépendance économique, culturelle, sociale, scientifique, technologique»(9). Prenons le même chemin.

    Notes:

    1. Kwame Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, Éditions Présence Africaine, Paris,‎ 2001 et Le néo-colonialisme : Dernier stade de l’impérialisme, Éditions Présence Africaine, Paris,‎2009.
    2. Nicolas Maduro, Assemblée générale des Nations Unies, 29 septembre 2014,http://vivavenezuela.over-blog.com/2014/09/l-onu-doit-s-adapter-a-un-monde-multipolaire-nicolas-maduro.html, consulté le 3 février 2015 à 16 heures.
    3. Amilcar Cabral, Unité et Lutte, La Découverte, Paris, 1980.
    4. Ruben Um Nyobe, Ecrits sous maquis, L’Harmattan, Paris, 1989.
    5. Ruben Um Nyobe, Extrait de la lettre à André-Marie M’bida, 13 juillet 1957, in Achille M’Bembe, Ruben Uml Nyobe, Le problème national Kamerunais, L’Harmattan, Paris, 1984.
    6. Evo Morales, 9ème sommet de l’ALBA, http://www.editoweb.eu/vive_cuba/attachment/200466/, consulté le 3 février 2015 à 17 h 04.
    7. Thomas Sankara, Discours d’orientation politique, 2 octobre 1983, « Oser inventer l’avenir » – La parole de Sankara, Pathfinder, New York, 1988, p. 46.
    8. Pour construire l’intégration à partir des peuples, pour promouvoir et impulser l’ALBA et la solidarité des peuples, face au projet impérialiste, lettre des mouvements sociaux des Amériques, 2 avril 2009,http://franceameriquelatine.org/IMG/pdf/Lettre_MS_Belem_2009-2.pdf, consulté le «  février 2015 à 18 heures 15.
    9.  Rafael Vicente Correa Delgado , 9ème sommet de l’ALBA, http://www.editoweb.eu/vive_cuba/attachment/200466/

    Source de cet article : https://bouamamas.wordpress.com/2015/02/16/lecons-bolivariennes-pour-lafrique/

     


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  • « Saint-Elie, une commune à repeupler » film d’Alain MICHEL,

    Cayenne fait son cinéma : Saint-Elie, une commune à repeupler d’Alain MICHEL, Salons de l’Hôtel de Ville, 19 H 00

    La Ville de Cayenne présente dans le cadre de ses  « Cayenne fait son Cinéma » : Saint-Elie une commune à repeupler Le Mercredi 29 Avril 2015 En Salle de délibérations de l’Hôtel de ville de Cayenne à 19H00 Entrée libre et sans inscription  Intervenant :Alain Michel Invité spécial :Mme le Maire de Saint-Elie Ce documentaire retrace l’histoire de la Commune de Saint-Elie et toutes les difficultés auxquelles elle doit faire face pour se développer. Les images de ce documentaire  offrent l’occasion de visiter les paysages de cette commune. Un espace surprenant, encore inconnu de bon nombre de nos compatriotes


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  • Sommet DES Amériques: DISCOURS en français DE Nicolas Maduro A LA SESSION PLENIERE, 11 avril 2015

    (transcription de l’équipe de communication du Sommet)

    Le Président du Panama, Juan Carlos Varela souhaiterait donner la parole à présent au Président du Venezuela, Nicolas Maduro

    Président de la République Bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro Moros

    Bien, cher camarade Président, Juan Carlos Varela, que j’ai connu quand nous étions tous deux ministres des Affaires Etrangères et avons établi, malgré la différence de nos projets politiques et de nos visions, une bonne et profonde amitié qui continue maintenant.

    Présidents, Vice-présidente, ministre des Affaires Etrangères, camarades, chefs d’Etat et de gouvernement,

    Nous vivons sans aucun doute des moments historiques mais pas de n’importe quelle histoire, des moments d’une nouvelle histoire dont parfois, parce que nous en sommes acteurs et sommes dans l’oeil du cyclone dans nos pays respectifs nous pouvons ne pas évaluer toute la grandeur. Président Juan Carlos, hier je suis allé, en arrivant, rendre visite à la communauté de Chorrillos, à Panama et ensuite j’ai visité l’ancien couvent de San Francisco dans le centre historique, réellement un très beau musé. Là eut lieu le Congres de Panama où se trouvaient nos grands-pères convoqués par le Libérateur Simon Bolivar, conçu d’abord comme un rêve, conçu comme un rêve.

    Dans la Lettre de Jamaïque dès 1815, Président, je salue chaleureusement la première ministre Portia Simpson, grande amie du Venezuela, grande bolivarienne, bientôt nous célèbrerons les 10 ans de Petrocaribe, camarade, en septembre en commémorant les 200 ans de la Lettre de Jamaïque. Puissent certains chefs d’Etat et de gouvernement nous accompagner parce que c’est réellement très important. Bolivar à ce moment-là était vaincu, seul, la direction, pourrions-nous la nommer comme on la nommerait maintenant, cher président Raúl Castro, la direction politico-militaire de la lutte pour l’indépendance était fractionnée, divisée, n’acceptait pas Bolivar comme chef et il arriva en Jamaïque, sauvant sa vie miraculeusement et ensuite il se rendit en Haïti pour recevoir l’accolade affectueuse et salvatrice d’Alexander Pétion, Libérateur d’Haïti, de la grande Haïti de la République des Jacobins noirs. Et vaincu, Bolivar écrit la fameuse Lettre de Jamaïque, presque comme un prophète mais un prophète de foi et d’engagement. Ensuite vinrent les années 16 et 17 et il trouva le chemin de la victoire et ensuite il lui revint de trouver et de diriger personnellement une épopée gigantesque. Je déplore que ne soit pas là le président Obama que je respecte bien qu’il ait menacé ma Patrie parce que pour nous, l’histoire, ce n’est pas des témoignages passés, secrets et morts, pour nous, l’histoire est une force vive et nous parlons de l’histoire parce que nous sommes en train de la construire aujourd’hui.

    Assistants [Applaudissements]

    Président Nicolas Maduro : Nous n’avons pas une histoire obscure dont nous devions nous repentir parce que jamais nous n’avons bombardé ni assassiné des peuples frères, nulle part dans le monde. Pour cela, président Obama, nous sommes fiers de notre histoire et nous apprenons tous les jours d’elle. Le Libérateur Simon Bolivar disait en 1815, comme disent les Argentins, en mille huit quinze, le 6 septembre, « … c’est une idée grandiose de prétendre faire de tout le nouveau monde une seule nation avec un seul lien pour lier ses parties entre elles et avec le tout bien qu’elle ait une origine, une langue, des coutumes et une religion, elle devrait par conséquent avoir un seul gouvernement qui confédère plusieurs états qui devraient se former. » Un rêve, presque une poésie pour un homme vaincu dont les forces sont décimées et, plus loin dans la même Lettre de Jamaïque, il dit: « … que ce serait beau que l’isthme de Panama soit pour nous ce que celui de Corinthe est pour les Grecs, puissions-nous un jour avoir la chance d’installer là, nous dirions aujourd’hui ici, une histoire vivante, un noble congrès des représentants de la République, nous, ceux des royaumes et des empires, pour essayer de discuter sur les intérêts importants de la paix et de la guerre avec les nations des 3 autres parties du monde » Simon Bolivar.

    Nous étions hier à Chorrillos, Président, camardes Daniel, Rafael Correa, camarade Dilma, camarades des Caraïbes, frères et soeurs des Caraïbes et la douleur est encore vive. 1989, chute du bloc Socialiste Soviétique, on déclarait la fin des idéologies, 1989 est inoubliable pour nous, les Vénézuéliens, 1989 a commencé avec le Caracazo, les 27 et 28 février 1989. On compte plus de 3 000 morts dans le massacre le plus horrible qui jamais eu lieu dans l’histoire du Venezuela et il n’y eut jamais de cour inter-américaine, Président Correa, ni de commission inter-américaine des Droits de l’Homme qui dit un mot parce que les personnes assassinées étaient des humbles des quartiers de Caracas, de Valencia, de Maracaibo, et les humbles sont invisibles pour les oligarchies et pour les diplomaties des empires et nous pleurons encore nos morts, commandant Raúl Castro, commandant Fidel Castro, parce que je sens que Cuba est assise ici, ici est assis Fidel debout, digne, victorieux. Nous pleurons nos morts et un jour nous nous sommes réveillés pleins de plus de douleur encore quand les armes les plus modernes du monde ont attaquée le peuple de Chorrillos qui dormait dans ses maisons, nous ne pouvons pas oublier cette douleur. Cette invasion fut précédée par un décret du même niveau que j’ai ici, le décret déclarant le Panama comme une menace pour les Etats-Unis, ce ne fut pas n’importe quoi, j’ai une lettre et je suis obligé de la remettre. Mon ministre des Affaires Etrangères la remettra à la chancellerie, au département d’Etat, la lettre du comité des familles des victimes de Chorrillo. Une femme qui a perdu son mari et le pleure encore, 25 ans après, me l’a remise. Trinidad Ayola, une femme du peuple, et ici, ils exigent la justice, d’abord que les Etats-Unis demande au Panama un pardon historique et je crois que c’est une exigence juste et raisonnable et je sais que le président Obama va la comprendre ainsi.

    Assistants [Applaudissements]

    Président Nicolas Maduro : Deuxièmement, ils exigent l’indemnisation de toutes les familles des enfants qui sont devenus orphelins et sont déjà des hommes, des mères qui ont perdu leurs fils, des femmes qui ont perdu leurs maris et sont devenues veuves parce qu’on leur a enlevé l’amour de leur vie. On compte plus de 4 000 morts par les armes les plus modernes, un massacre qu’on a essayé de couvrir comme on essaie de couvrir l’histoire. L’histoire ne pourra pas être arrêtée, ni couverte, jamais , l’histoire est l’histoire et nous continuerons à la construire. Je fais une remise officielle, président Obama, à la chancelière et à sa délégation de cette lettre officielle du comité des victimes qui me l’ont remise, parmi les larmes et les chants d’espérance et de vie.

    Chers compatriotes, on nous a convoqués à un Sommet sur la prospérité et je suis sûr que nous avons beaucoup de choses à dire sur la prospérité. La décennie et le siècle perdu par le néo-libéralisme a amené la misère, toujours, camarades, la misère en Amérique Latine et dans les Caraïbes a été liée aux inégalités. Un petit nombre de gens captent la richesse des pays, un petit nombre exploite et pille les richesses de nos pays, le président Correa a raison quand il dit que malheureusement, les élites qui ont gouverné les Etats-Unis, l’appareil industriel et militaire dont parlait Eisenhower, ont fini par s’allier et par favoriser pendant tout le XX° siècle et au XXI° siècle, c’est pareil, les élites qui ont pillé nos pays et qui ont fait de notre région la plus inégale de la planète. Ce sont les inégalités qui sont la base de l’existence de la misère, ce sont les inégalités qui créent les conditions pour que les oligarchies, au lieu d’investir dans la santé, dans l’éducation, disent que la santé et l’éducation ne sont pas des droits sociaux mais un droit privé. Ou bien je mens? Ce n’est pas la lutte de notre peuple, alors. Ils disent que le logement n’est pas un droit social et humain mais l’affaire des banques et des milliers d’hommes, de femmes et de familles perdent leur logement. La prospérité, je suis sûr et j’en suis convaincu, cher président Varela, cela se construit sur la même base, comme dit le président Evo Morales, que nous sauvions notre indépendance, que nous commencions à construire des modèles égalitaires véritablement démocratiques, la démocratie, ce n’est pas seulement voter et faire des élections tous les 5 ou 6 ans, la démocratie doit être participer à la richesse, à la distribution de la richesse de nos pays, participer aux décisions, des démocraties participatives, actrices.

    Au Venezuela, vous savez, chers compatriotes, chers collègues, en 1999 a commencé une Révolution, une nouvelle Révolution d’indépendance, une Révolution de caractère bolivarien, une Révolution qui a commencé à construire de nouvelles formes de société, de nouvelles formes politiques, économiques, avec à sa tête notre commandant infini Hugo Chavez Frias, le grand acteur de la démocratisation de notre Patrie, le commandant Hugo Chavez. La première chose qu’il fit pour commencer la Révolution Bolivarienne, en 1999, fut de convoquer la souveraineté populaire pour qu’elle exerce sa volonté absolue et ce fut un processus constituant, démocratique. Vous devez savoir que le commandant Chavez demanda au peuple par un référendum libre s’il souhaitait convoquer un processus constituant et une Assemblée Nationale Constituante et 80% du peuple a approuvé, le 25 avril 1999 et le 25 juillet 99, le peuple, par un vote direct, libre et secret, a élu ses parlementaires. Il m’est revenu d’être député de la Constituante pour Caracas et ensuite, il y a eu un débat ouvert, libre.

    C’est la première Constitution de l’histoire de la Patrie vénézuélienne qui s’est réalisée par un débat ouvert, dans un processus constituant, populaire et le 15 décembre 1999, le référendum a été organisé pour la première fois dans l’histoire pour que le peuple dise s’il était d’accord et s’il approuvait ou non la Constitution rédigée par l’ Assemblée Nationale Constituante. Jamais notre pays n’avait vécu un processus aussi démocratique, jamais!

    Ce fut le premier pas de la Révolution Bolivarienne. Presque dès le premier jour, nous avons été affrontés, incompris, presque dès le premier jour, les oligarchies politiques et médiatiques de tous les pays représentés ici ont commencé une campagne tenace de manipulation, de mensonge, pour dire que le commandant Chavez était un dictateur, uniquement parce qu’il a sauvé la dignité du Venezuela et lui a donné une voix propre face au monde. Président Obama, uniquement parce qu’il s’est opposé à plusieurs occasions au massacre du peuple d’Afghanistan, quand ils ont assassiné des enfants au nom de la liberté, uniquement parce qu’il s’est opposé aux mensonges qui amenèrent l’invasion de l’Irak et aujourd’hui, nous comptons plus d’un million de morts du peuple irakien. Aujourd’hui, c’est le 11 avril, aujourd’hui, mesdames et messieurs les présidents, le 11 avril, le Venezuela se souvient d’il y a 13 ans, un jour comme aujourd’hui, du coup d’Etat dirigé, patronné et financé par le gouvernement de George W. Bush contre le commandant Hugo Chavez. Ils ont fait la même chose que maintenant ils font contre moi, la campagne mondiale, toutes les télévisions CNN faisant une campagne mondiale, tous les journaux sur leurs sites à Buenos Aires, à San Salvador disant:  » Chavez est un dictateur, Chavez tue son peuple » pour justifier le renversement et l’assassinat d’ Hugo Chavez. Un miracle! L’union civique et militaire, camarade Raùl, sauva le commandant Chavez. Il fallut 47 heures, rien de plus, président Correa, pour que le peuple civil et militaire, l’ union civique et militaire en insurrection démocratique rétablisse la Constitution, sauve la vie du président et le mette là où le peuple lui avait commandé de gouverner. 13 ans, beaucoup de choses ont changé sans aucun doute, le président Obama n’est pas George W. Bush, ce serait une incongruité inhabituelle et extraordinaire de le dire, ce serait une disproportion encore plus grande que le décret signé et qui est en vigueur aux Etats-Unis, disant que le Venezuela est une menace.

    Le commandant Chavez a renforcé une Révolution démocratique, j’ai les chiffres ici, je ne vais pas vous fatiguer et vous ennuyer: la pauvreté générale qui était de l’ordre de 81% dans les années 90, est aujourd’hui en dessous de 19%, la misère, la pauvreté extrême – ainsi appelée – qui était de l’ordre de 41%, camarade Evo, est aujourd’hui de l’ordre de 5,6%. Dans les années 80 – 90, sur l’immense richesse pétrolière qui entrait dans le pays, seulement 36% étaient investis dans le développement social. Savez-vous quel est la moyenne de l’investissement de la richesse du pays dans les années de l’ère révolutionnaire? 62%. L’année dernière, en 2013, nous avons atteint jusqu’à 64%, cela me rend triste mais en 2014, nous sommes arrivés à 60% à cause de la guerre économique mais nous allons récupérer, notre objectif est d’arriver à un modèle de distribution de 70% de la richesse, Evo. 70% et cela sera reporté sur 700 000 logements, un pays de 27 millions, notez le pourcentage, 700 000 logements et cette année, je vais arriver à un million de logements et ce ne sont pas des logements hypothéqués pour voler le pauvre ou le travailleur. Non! Ce sont des logements qui sont remis dans les conditions nécessaires pour qu’ils appartiennent à une famille.

    Bon, le commandant Chavez a fait mille choses, il a démocratisé la vie politique, président Obama et vos représentants, le Venezuela a, si vous me le permettez, il n’est pas question d’égo, je le dis avec humilité, le Venezuela a le record mondial d’élections, il a le système électoral le plus transparent et moderne qu’on puisse connaître dans notre histoire. Le président Jimmy Carter, un homme honorable également, l’a dit, Jimmy Carter a dit que le Venezuela avait le système électoral le plus complet, sûr et transparent qu’il avait connu en plus de 100 élections auxquelles il avait participé dans le monde. On ne peut pas accuser Jimmy Carter d’être bolivarien, socialiste ni chaviste. Le commandant Chavez a commencé une Révolution, comme dit le président Raùl, personne ne nous a en fait cadeau, comme personne ne nous a fait cadeau, il y a 200 ans, d’être Vénézuéliens. Nous l’avons conquis sur les champs de bataille, par le plus grand sacrifice connu dans l’histoire de cette terre. Plus de la moitié de la population vénézuélienne est morte sur les champs de Boyaca, de Pichincha, de Junin, de Ayacucho, de Carabobo. Nous avons été comme une armée unie et nous suivons San Martin à Guayaquil et O’Higgins au Pérou, nous avons été une seule armée uni et comme le disent les documents du gouvernement de John Quincy Adams, dans ce magnifique livre, nous sommes nés comme une puissance et ainsi nous reconnaissait John Quincy Adams, président des Etats-Unis. Le président Obama a commis l’agression et je le dis ainsi avec tout le respect qui lui est dû et le respect diplomatique ici, je dois le dire, je ne peux pas me taire.

    J’ai amené plus de 11 millions de signatures qui seront remises par la voie diplomatique et je viens, au nom des 30 millions de Vénézuéliens, ainsi le demande l’UNASUR à l’unanimité, l’UNASUR a approuvé un document historique rejetant le décret et demandant qu’il soit abrogé, ainsi le demande à l’unanimité la CELAC, les 33 pays ont posé un concept supérieur, ils ont dit que le décret devait être abrogé. C’est un décret irrationnel, disproportionné, je n’ai pas inventé ce conte, je rappelle le Che quand il disait « pas même un peu ainsi » de ce qui fut une déclaration, seulement une déclaration pour courageuse qu’elle soit, président Obama, elle n’est pas suffisante. Il faut chercher des voies politiques, diplomatiques et juridiques pour annuler ce décret menaçant. Le Venezuela, nos fils, nos petits-fils ne seront pas tranquilles tant que les Etats-Unis par la voie qui leur convient, n’auront pas abrogé ce décret, en plus d’avoir déclaré que nous ne sommes pas une menace. Ce décret est très dangereux, ce qu’il fait, ce n’est pas seulement sanctionner 7 fonctionnaires, ce qui serait déjà suffisant pour le condamner parce que ce sont 7 Vénézuéliens honorables, je voudrais qu’ils soient là et vous les présenter, des pères et des mères de famille. Tout ce qu’ils disent sur eux est mensonge, est faux et je les défendrai. Entendez-vous? Je les défendrai en tant que président où il faudra les défendre.

    Ce décret s’immisce dans la vie intérieure du Venezuela, je ne sais pas si vous avez eu le temps, si nous le remettons à chaque délégation pour qu’elle le lise, pour qu’elle le lise dans toutes les langues. Ce n’est pas du passé, président Obama, c’est du présent et du futur aussi et je veux du futur avec les Etats-Unis. Nous, nous ne sommes pas anti-états-uniens, non! Je suis un admirateur de Jimi Hendrix, Eric Clapton et quand c’était l’époque du rock, j’aimais le rock et j’aimais chanter leurs chanson surtout la chanson dans laquelle il interprétait l’hymne des Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam au festival de Woodstock. Aimez-vous la vérité? Extraordinaire, comment Jimi Hendrix affrontait les bombes, comme transporté dans le temps, ce fut sa façon de s’opposer à la guerre du Vietnam. Nous ne sommes pas anti-états-uniens, camarades présidents, nous sommes anti-impérialistes! Comme c’est la majorité du peuple des Etats-Unis qui est contre les guerres, qui est contre le fait qu’on détruise la Libye, la Syrie et qu’on envahisse des peuples, la jeunesse des Etats-Unis veut changer les Etats-Unis, j’en suis sûr sinon le président Obama n’aurait pas été président. Le président Obama est président parce qu’il y a un désir profond de changement et les Etats-Unis veulent cesser d’être un empire, il y a 2 Etats-Unis, ceux de Washington, ceux de l’empire, des lobbys et les Etats-Unis profonds qui veulent la paix, le développement et veulent que nous les voyons et veulent que nous nous voyons comme des frères, face à face et nous le chantons ensemble et que nous fassions l’histoire ensemble.

    Aucun pays, premiers ministres, frères, présidents, présidentes, première ministre, aucun de vous n’accepterait un décret aussi révoltant. La présidente Cristina a dit qu’il a provoqué des rires, le président Correa m’a appelé à ce moment-là et me dit que cela ressemblait à une mauvaise blague. C’est vrai, c’est tragi-comique, c’est une tragédie, personne n’accepterait qu’ils s’immiscent dans leurs affaires intérieures. Les problèmes de la justice vénézuélienne, la justice et le pouvoir judiciaire les résolvent, la lutte contre la corruption est un problème du Venezuela, les problèmes que nous avons sont nos problèmes et nous les résolvons conformément à la Constitution. Nous avons le record mondial d’élections: 19 élections en 15 ans et nous, les forces révolutionnaires, bolivariennes et chavistes, avons gagné 18 élections droit au but et cette année, nous allons gagner l’élection numéro 19, quand les élections législatives auront lieu quand le pouvoir électoral l’aura fixé. Et s’il n’en était pas ainsi, la vie continuerait, nous reconnaitrions immédiatement, comme nous l’avons toujours fait, n’importe quel résultat, nous ne sommes pas un pays sous tutelle ni contrôlé et nous n’avons plus besoin d’être contrôlés dans la vie démocratique. A cause de cela, je le propose comme l’a fait l’envoyé des Etats-Unis, Thomas Shannon, un homme que je respecte, j’ai discuté avec lui pendant 3 heures, camarade Raùl, avec une franchise totale et je lui ai dit ce que je crois et je lui ai dit ici, et je suis disposé à parler avec le président Obama à ce sujet respectueusement et sincèrement quand il voudra. Je lui ai envoyé des messages publics, en privé, pendant 2 ans depuis que je suis Président et jamais il n’a répondu à un seul message que je lui ai envoyé, camarades des Caraïbes. Je nomme un ambassadeur, Maximilian Arvelaez, un extraordinaire ambassadeur au Brésil, je l’en enlève et je le nomme Ambassadeur aux Etats-Unis il y a 13 mois et 13 mois ont passé et actuellement, ils ne lui ont pas encore donné son accréditation. Ou bien nous sommes en guerre et nous ne le savons pas? Nous avons des relations conformément à la, Président Varela, vous avez été ministre des affaires étrangères, vous connaissez bien le protocole, 3 mois après la demande, elle est considérée comme refusée. Non, nous sommes entêtés, ils ont entendu, nous sommes entêtés et obstinés quand nous luttons pour quelque chose de juste. Quand 3, 4 mois ont passé et que j’ai vu le mépris avec lequel les conseillers du président Obama l’ont amené à agir de façon regrettable envers le Venezuela, je l’ai nommé chargé d’affaires et je l’ai envoyé comme chef de mission et là, il attend. Combien de mois de plus doit-il attendre, président Obama, pour que vous lui accordiez l’accréditation et que soit certaine la parole que vous avez dite que vous souhaitez de bonnes relations avec le Venezuela? Je veux le croire, je n’ai pas confiance, je vous respecte mais je n’ai pas confiance en vous, président Obama. Si vous voulez, nous discutons, maintenant, si vous ne voulez pas discuter, c’est bien, ce sera votre héritage avec le Venezuela, le décret, le silence et le mépris et l’arrogance. Je vous dis plusieurs choses, président Obama, ne passez pas dans l’histoire comme y est passé George W. Bush, en soutenant le coup d’Etat contre le commandant Chavez, passez dans l’histoire d’une autre façon. Je vous tends la main, président Obama, pour que nous parlions et que nous résolvions les problèmes que nous avons à résoudre entre les Etats-Unis d’Amérique du Nord et le Venezuela en paix

    Assistants [Applaudissements]

    Président Nicolas Maduro: sans intervention dans les affaires intérieures de personne. Personne ne doit intervenir dans les affaires des autres, je ne sais pas, vous devez sentir la même indignation que nous avons ressentie quand vient un fonctionnaire des Etats-Unis ou de n’importe quel pays et qu’il fait des déclarations sur la vie intérieure, pardonnez-moi l’expression, je me mets en rogne. Au Venezuela, ce mot n’est pas un gros mot, ça peut l’être dans d’autres endroits, je m’excuse. Je me mets en rogne quand quelqu’un parle du Venezuela parce que je ne parle d’aucun pays, imaginez que nous nous mettions à donner notre avis. Alors, je me mets à donner mon avis et l’autre et l’autre, non, tel pays, pourquoi privatise-t-il l’éducation? Pourquoi y a-t-il tellement de faim? Pourquoi répriment-ils la classe ouvrière, les paysans? Pourquoi refusent-ils leurs droits aux indigènes? Ah, ce serait la fin, le chaos, chacun gère son pays, dirige son pays avec les méthodes de sa Constitution et personne ne doit s’immiscer dans le Venezuela, je l’ai dit. Quand je l’ai dit, j’étais sûr d’être accompagné par le monde mais je l’ai dit, si le Venezuela doit être seul à défendre ses principes constitutionnels et son droit à l’indépendance, nous nous battrons seuls, nous lutterons seuls. Grâce à dieu, nous ne sommes pas seuls, nous sommes accompagnés par l’UNASUR, la CELAC, 138 pays du G77+la Chine et nous avons la compagnie la plus importante, celle des peuples qui ont signé par millions. Cuba nous a remis 3 millions de signatures, rien de moins. Ainsi, je tends la main et propose 4 points, je les propose en public comme je l’ai fait avec Thomas Shannon. Premier point, que le gouvernement des Etats-Unis corrige, rectifie, l’erreur d’origine qui l’a amené à ce décret disproportionné et à commettre les erreurs qu’ils ont commises pendant 2 ans contre mon gouvernement et le peuple.

    L’erreur d’origine est la suivante: Les Etats-Unis ont cru, l’oligarchie et les élites du monde ont cru qu’avec le départ physique du commandant Hugo Chavez, s’en était fini de la Révolution Bolivarienne et que Maduro n’accèderait pas au pouvoir, que je ne sais pas quoi, que la révolution dépendait d’un seul homme et Chavez l’a dit des milliers de fois « je ne suis pas moi », disait Chavez, « je suis un peuple ». Nous sommes une histoire vivante et la révolution a continué et continuera son chemin démocratique de transformations pacifique, constitutionnel, impeccable. C’est ma première proposition: qu’ils rectifient et reconnaissent la révolution bolivarienne et socialiste du XXI° siècle qu’il me revient de conduire par délégation du commandant Hugo Chavez.

    Si vous ne reconnaissez pas notre révolution, nos particularités, notre projet socialiste, vous continuerez à vous écraser contre le même mur d’échec et d’isolement que vous avez élevé vous-mêmes. C’est un piège, c’est clair, comme je vous l’ai dit, comme je l’ai dit à plusieurs gouvernements qui ont discuté avec moi. Mais ce n’a pas été Maduro qui vous a fourrés dans un piège, ça a été vous tout seuls, vous seuls qui avez marché vers le piège. Premier point, reconnaître l’indépendance et la souveraineté de notre pays et la révolution bolivarienne et socialiste. Deuxième point, abroger le décret par la voie démocratique qui convient et abandonner cette menace qui pèse sur le Venezuela. Troisième point, démanteler l’appareil de guerre psychologique, politique, économique, militaire que vous avez à l’Ambassade des Etats-Unis au Venezuela. Je ne vais pas m’étendre sur ce sujet mais je pourrais présenter ici des vidéos, des enregistrements de toute sorte sur la façon dont, depuis l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique du Nord, ont été préparés des coups d’Etat pour me tuer. J’ai les preuves. Qu’est-ce que je fais? Je me tais, camarades? Qu’est-ce que je fais, je fais l’imbécile, je regarde ailleurs? Les Etats-Unis doivent démanteler l’appareil de guerre qu’est devenue l’Ambassade des Etats-Unis dans notre pays. Troisième point. Et en quatrième lieu parmi d’autres points, les Etats-Unis doivent prendre les mesures légales pour arrêter la conspiration qui se développe sur le territoire même de Miami, de la Floride, de New York, des Etats-Unis. Chers Présidents, chères Présidentes, le décret de l’attaque militaire qui allait se faire en mars contre moi pour m’assassiner avec un avion Tucano amené de l’étranger fut dicté par un monsieur appelé Carlos Osuna qui vit à New York. Je demande: est-il légal que quelqu’un dicte le décret par téléphone, j’en ai les preuves, pour assassiner le Président et faire un coup d’Etat et que rien ne se passe? La conspiration qu’il y a à Miami… A Miami, ils se font concurrence dans les programmes de télévision et il y a des gens qui vont analyser quel est le meilleur fusil pour tuer Maduro. Avant, ils le faisaient avec Chavez. Cela, on ne peut le tolérer. Je ne veux pas me répéter et vous ennuyer, je demande des excuses aussi pour l’ensemble mais la vérité, c’est que le Venezuela est sous le coup d’une agression, sous le coup d’une menace qui doit être démantelée.

    Nous, nous voulons la paix, il est clair que oui, nous voulons la paix et nous voulons discuter avec le gouvernement des Etats-Unis ce point et d’autres qui mous amènent à construire une relation comme l’a dit le camarde Raùl, civilisée, une relation qui nous permette véritablement d’avancer. Je crois vraiment que nous sommes aux portes d’une nouvelle ère. L’Amérique Latine est déjà entrée dans une nouvelle époque comme le dit le président Rafael Correa, en paraphrasant, ce n’est pas une époque de changement, c’est un changement d’époque. Correct, Président? Il y a déjà eu en Amérique Latine un changement d’époque, le premier Sommet des Amériques en 1994. Nous pourrions dire que de 1994 à 2005 fut l’ère perdue du néo-libéralisme et la lutte contre le néo-libéralisme, ce fut à Mar del Plata où fut enterrée la tentative de recoloniser économiquement nos pays.

    De 2005 à 2015, à ce Sommet, combien nous avons avancé! Entre 2005 et 2015 est né Petrocaribe en tant que projet renforcé. Vous savez quelque chose? Petrocaribe: nous avons investi plus de 3 500 millions de dollars en 10 ans et les pays des Caraïbes qui font partie de Petrocaribe ont augmenté de 25% leur Produit Intérieur Brut et ont élevé leur niveau de distribution et d’égalité. Petrocaribe est une garantie de stabilité. Entre 2005 et 2015 est née l’UNASUR, un 17 avril 2007, à l’initiative de Lula, le grand géant du Brésil, à l’initiative de Nestor Kirchner, fondateur de la Patrie nouvelle, à l’initiative d’Hugo Chavez, à l’initiative de Tabaré Vasquez qui est ici, à l’initiative de ceux qui ont assumé cet engagement. Jamais nous n’avons eu, en 200 ans, un bloc sud-américain. Aujourd’hui nous l’avons renforcé. En 2011 est née la CELAC: pour la première fois, toutes les Caraïbes, l’Amérique du Sud, l’Amérique Centrale, le Mexique, nous nous sommes unis comme le souhaitait le Libérateur Simon Bolivar pout traiter nos problèmes comme des frères. Là, les 2 et 3 décembre, à Caracas, le commandant Hugo Chavez luttant pour sa vie, a présidé cette réunion historique et ensuite nous sommes allés au Chili avec Sebastian Piñera, à Cuba et récemment, nous étions avec le président Solís au Costa Rica. Je lance une idée, président Varela, 2015-2026, une décennie et un peu plus. 2026, nous commémorerons les 200 ans du Congrès de Panama. Etats-Unis d’Amérique, je vous lance une idée, assumons le défi de construire des relations de respect, de coopération, de complémentarité, de construction du bonheur de nos peuples, de la démocratie véritable de l’ère 2015-2026, assumons le défi du Bicentenaire et du Congrès de Panama pour que, quand viendra le Congrès de Panama et que nous venions nous réunir encore une fois ici, nous ayons des relations de respect, de paix et que nous puissions dire que ce qu’a proposé le président Juan Carlos Varela s’est réalisé, que nous sommes un hémisphère de paix en prospérité, ce qui est l’objectif de cette grande réunion.

    Hier, nous avons vu une lettre du Pape François et nous sommes solidaires de tous les concepts que le Pape François nous a remis ici, une lettre merveilleuse que j’ai lue tôt ce matin. Je salue le secrétaire d’Etat, le cardinal Pietro Parolin, ce cher ami qui doit être dans cette salle, nous avons une réunion aujourd’hui un peu plus tard et le Pape nous donne une gifle, comme avec le fouet du Christ et il nous rappelle à tous que nous avons des responsabilités à construire, de façon responsable, un monde nouveau. Et le Pape dit à notre frère Juan Carlos Varela, monsieur le président, les efforts pour tendre des ponts, des canaux de communication, tisser des relations, chercher à s’entendre, ne sont jamais vains. La situation géographique du Panama au centre du continent américain qui en fait un point de rencontre du Nord et du Sud, des océans Pacifique et Atlantique est sûrement un appel pro mundi beneficio à provoquer un nouvel ordre de paix et de justice et à promouvoir la solidarité et la collaboration en respectant la juste autonomie de chaque nation. Avec le Pape François, nous disons, depuis le Venezuela: respectons la juste autonomie de chaque nation et construisons, avec ce Sommet historique, la paix, l’indépendance, l’union, la prospérité et surtout le bonheur de notre peuple.

    Merci beaucoup, président!

    Source en espagnol: Cresciendo desde Abajo!

    URL de cet article: http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2015/04/sommet-des-ameriques-discours-de-nicolas-maduro-a-la-session-pleniere-11-avril-2015.html – traduction Françoise Lopez


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     Emisyon Bi-Ya di 26/04/2015 asou radyo ITG

     

     TANDE APA MUMIA MAKEBA

    PEYI GWIYAN

    Conférence à l'UTG de Maitre LAMA 

     

     

     TANDE APA MUMIA MAKEBA

    PEYI MATNIK

     

     

    TANDE APA MUMIA MAKEBA

    PEYI GWADOUP

     

     

    TANDE APA MUMIA MAKEBA

    PEYI KIBA

     

     

     


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